Hier soir l’Assemblée générale des Nations Unies à New York a encore une fois exprimé son souhait d’accomplir de réelles avancées dans le désarmement nucléaire. En effet, 113 États ont voté pour le lancement de négociations pour interdire l’arme nucléaire l’année prochaine, 35 États ont voté contre et 13 États se sont abstenus, dont la Suisse.
Une lueur d’espoir
La résolution votée hier, qui avait déjà été adoptée le 27 octobre dernier par la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, prévoit l’organisation d’une conférence de l’ONU début mars 2017. Cette dernière a pour objectif « la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète ». Les négociations sont ouvertes à tous les États et continueront en juin/juillet de la même année.
Tandis que certains dirigeants ont dernièrement fait la une de la presse avec leurs annonces d’une nouvelle course à l’armement nucléaire, le vote a confirmé que la plupart des pays de ce monde s’est libéré des schémas de pensées destructeurs et dépensiers de la Guerre Froide. La majorité des États-Membres de l’ONU ne considèrent plus les armes nucléaires comme un garant de la sécurité et la paix, mais au contraire comme une menace. Visiblement, ils voient dans cette interdiction une contribution nécessaire, concrètement réalisable et efficace vers le désarmement. En effet, la conduite agressive et irresponsable de certains représentants de gouvernements souligne l’urgence d’une interdiction.
La Suisse, va-t-elle se ressaisir?
Nos voisins le Liechtenstein et l’Autriche appartiennent depuis un certain temps au groupe d’États qui s’engagent de façon claire pour l’interdiction des armes nucléaires. Si nécessaire, ils s’engagent à poursuivre des négociations et ce, même sans la participation des puissances nucléaires et leurs alliés. Même la Suède, qui comme la Suisse a longuement essayé de trouver un compromis, a décidé en octobre de voter en faveur des négociations. La Suisse a déclaré en octobre vouloir participer à ces dernières. Toutefois elle s’est encore une fois abstenue au moment du vote, tout comme la Chine, l’Inde et le Pakistan. Alors que l’abstention de ces États peut être perçue de façon plutôt positive, l’abstention de la Suisse, traditionnellement humanitaire et neutre, est quant à elle peu compréhensible. Malgré le fait que la Chine, l’Inde et le Pakistan possèdent des armes nucléaires, ils ne s’opposent pas aux négociations et agissent en accord avec leurs obligations légales de désarmement.
Manifestement, le parlement suisse considère également qu’une prise de position est nécessaire. Une motion (16.4155) déposée par le conseiller national Angelo Barrile (PS) et soutenue par 45 conseillers/ères de différents partis, demande au Conseil fédéral de
participer activement dans les négociations à venir pour l’interdiction juridiquement contraignante des armes nucléaires et, notamment, de mettre au centre de ses efforts l’aspect des conséquences humanitaires d’une éventuelle utilisation de ces armes et de s’engager activement pour la participation la plus large possible d’États dans le processus de négociations
ICAN Switzerland tient à remercier tous ceux qui s’engagent depuis des années pour une interdiction des armes nucléaires. Le vote d’hier nous a rapproché de façon significative de l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires. Il reste à espérer que la Suisse arrive à se ressaisir encore en 2017.
Très belles fêtes de fin d’année et bonne année 2017 !