Hier (le 25 juin 2018), les médias ont annoncé que l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) souhaite acquérir des robots pour supprimer les sources radioactives en cas d’urgence. Principale raison évoquée: le terrorisme. Des bombes « sales » pourraient, par exemple, contaminer l’environnement avec des matières radioactives lors de leur explosion. Selon la TdG et Swissinfo, « la Suisse disposerait ainsi de moyens de « maîtriser de telles situations, sans qu’il soit nécessaire d’évacuer les zones critiques ». « Des besoins, petits et grands, pourraient ainsi être surmontés ».
Ces affirmations doivent cependant être quelque peu relativisées.
La contamination radioactive: qu’est-ce que cela implique en réalité?
Le Laboratoire de Spiez décrit de la manière suivante les conséquences d’une « bombe sale » contenant 5 kg d’explosif conventionnel qui exploserait sur la place de la gare d’une grande ville pendant les heures de pointe:
- 30 victimes mortelles, environ 55 personnes gravement blessées ou malades du fait de
l’irradiation, approximativement 100 personnes souffrant de blessures de moyenne gravité et quelque 1000 blessés légers. Les hôpitaux qui les accueillent seront contaminés. - Les réseaux de téléphonie mobile s’effondrent et des milliers de personnes sont en rade.
- Des interdictions temporaires de récolte et de mise en pâture. L’accès aux forêts qui se situaient sous le vent sera interdit durant plusieurs années, car elles ne peuvent être décontaminées.
- Une partie des personnes habitant la zone affectée la quitte à moyen terme. Les immeubles voient leur valeur vénale s’écrouler. L’industrie touristique en pâtit également.
- L’ensemble des coûts de maîtrise de l’événement ainsi que les dommages patrimoniaux
sont estimés à 5 milliards de francs. La capacité économique devrait reculer de 8 milliards de francs.
Une « bombe sale » est – contrairement à une bombe nucléaire – un dispositif contenant des explosifs conventionnelles disséminant des éléments radioactifs. L’explosion d’une bombe nucléaire serait encore bien plus dévastatrice.
Le Laboratoire de Spiez s’est aussi penché sur ce scénario. Il décrit ainsi les conséquences d’une bombe atomique d’une puissance approximative de 20 kilotonnes qui exploserait à une distance de 50 km de la frontière Suisse :
- Environ 1,4 millions de personnes vivront dans une zone où la valeur limite annuelle de 1 mSv sera dépassée à l’extérieur. Environ 800‘000 personnes seront exposées à une dose de plus de 10 mSv à l’extérieur. Dans des cantons densément peuplés, le nombre de personnes affectées sera plus de quatre fois plus élevé.
- A long terme, le nombre de cancers augmentera même dans les zones éloignées du lieu de l’explosion.
- Les zones les plus contaminées devront être évacuées. Certaines parties ne pourront pas être décontaminées et la population devra être relogée.
- Une zone de plusieurs milliers de kilomètres carrés sera (fortement pour certaines zones) contaminée par la radioactivité. La production agricole sera extrêmement limitée.
- L’économie sera au point mort dans les zones contaminées pendant des mois ou des années.
Ce qui n’est pas mentionné dans ce scénario: Si la bombe nucléaire explosait dans une grande ville en Suisse, il faudrait s’attendre à 70’000 morts le premier jour. Au cours des jours suivants, plusieurs dizaines de milliers de victimes mourraient en raison du manque de soins médicaux. Dans un rayon d’approximativement 1 à 3 km, tous les bâtiments seraient détruits ou endommagés. Dans un rayon de 1,7 km, il faudrait s’attendre à des dégâts importants sur les conduites souterraines.
Mieux vaut éviter une catastrophe nucléaire
Les présidents du CICR et de la Croix Rouge Suisse l’ont dit clairement:
« aucun plan international ni aucun acteur ne serait à même de répondre de manière adéquate aux besoins des victimes. La prévention est donc la seule option responsable. »
Au vu de leurs conséquences humanitaires catastrophiques, tous les efforts doivent être déployés sans délai pour faire en sorte que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées. Tous les Etats doivent prendre les dispositions requises pour adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
En accord avec notre tradition humanitaire, le Conseil national a voté pour l’adhésion au Traité le 5 juin. Maintenant, c’est à la Commission de politique étrangère du Conseil des Etats de s’assurer que le Suisse signe au plus vite le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le soumette sans tarder à la ratification du Parlement.