02.07.2024 Réunie à Berne aujourd’hui, l’Alliance pour l’interdiction des armes nucléaires a annoncé le lancement officiel de son initiative pour demander à la Suisse d’adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).
En mars de cette année, le Conseil fédéral a décidé, malgré une forte pression du Parlement et de la société civile, de continuer à ne pas adhérer au Traité d’interdiction des armes nucléaires. L’Alliance pour l’interdiction des armes nucléaires avait alors annoncé le lancement d’une initiative populaire. La coprésidence de l’initiative pour l’interdiction des armes nucléaires a annoncé mardi après-midi au centre de presse du Palais fédéral le lancement de l’initiative pour l’interdiction des armes nucléaires.
Sur le papier, le DFAE continue de qualifier le désarmement nucléaire de priorité de la politique étrangère suisse.“ »Nous demandons que les paroles soient enfin suivies d’actes. Aujourd’hui, tous les moyens ont été épuisés pour amener le Conseil fédéral à adhérer au traité d’interdiction des armes nucléaires. C’est pourquoi le peuple suisse doit maintenant pouvoir se prononcer sur cette adhésion” a commencé Annette Willi, représentante d’ICAN. En conséquence, l’Alliance pour l’interdiction des armes nucléaires a lancé aujourd’hui son initiative pour une adhésion au traité. “Le TIAN annonce un changement de paradigme nécessaire et urgent dans le domaine du désarmement nucléaire. Il s’agit-là du traité de désarmement nucléaire le plus important de notre époque : il exige l’interdiction des armes nucléaires, et plus il y aura d’Etats le soutenant, plus la pression sur les puissances nucléaires sera grande.” explique Carlo Sommaruga, conseiller aux Etats PS et dépositaire de la motion demandant au Conseil fédéral l’adhésion au TIAN.
Renforcer les valeurs humanitaires
Les armes nucléaires sont contraires aux principes du droit international humanitaire de part leur nature. Leur utilisation a des répercussions sur le très long terme et elles violent les droits humains les plus fondamentaux. Pour Marc Jost, conseiller national PEV, “La décision de ne pas adhérer au TIAN rompt avec la tradition de la Suisse et nuit à notre crédibilité d’acteur humanitaire. En y adhérant, la Suisse poursuivrait son engagement de longue date en faveur du désarmement nucléaire.”
Dans ce contexte, la Suisse, en tant qu’Etat neutre, peut s’engager activement dans la promotion de la paix et de la sécurité à long terme. « Une adhésion au traité sur l’interdiction des armes nucléaires renforcerait la crédibilité de la neutralité basée sur le droit international, que la Suisse défend en tant que médiateur de paix et acteur humanitaire. Les bons offices en matière de diplomatie seraient également soutenus par la signature du traité en tant que partenaire fiable.« , a déclaré Melanie Mettler, conseillère nationale Vert’libérale.
La Suisse doit apporter sa contribution
En tant que petit État au milieu de l’Europe, la Suisse n’a que peu d’influence sur la situation globale en matière de sécurité. Elle a toutefois un grand poids dans la diplomatie internationale, notamment dans le domaine du contrôle des armements. C’est pourquoi la Suisse a la responsabilité d’apporter sa contribution à un contrôle des armements adapté à l’avenir. « Le désarmement nucléaire n’est pas seulement un idéal, mais aussi une nécessité. Pour endiguer les risques existants, il n’y a pas d’alternative au désarmement nucléaire. Pour un contrôle efficace de l’armement, nous avons besoin d’une architecture de sécurité internationale stable et globale, basée sur le droit international et impliquant le plus grand nombre possible d’États« , a expliqué Marionna Schlatter, conseillère nationale des VERT-E-S. Déjà pour d’autres armes de destruction massive, comme les armes chimiques ou biologiques, la stigmatisation par le droit international public a souvent été la clé de leur désarmement. « Le TIAN suit cette approche éprouvée pour faire face aux dangers des armes nucléaires« , a ajouté Rosmarie Quadranti, ancienne conseillère nationale centriste.
Suite de l’Alliance
« L’annonce de notre initiative a reçu un large soutien. Dès aujourd’hui, nous nous lançons dans la récolte de signatures avec de nombreuses personnes engagées« , a conclu Pauline Schneider du GSsA. Plus de 10 000 personnes ont déjà assuré l’Alliance de leur soutien pour la collecte de signatures. L’Alliance regroupe désormais plus de 20 organisations et a le droit de présenter un comité d’initiative qui transcende les partis. Le 6 juillet, l’Alliance organise la première grande journée de récolte à l’échelle nationale. À l’issue de la conférence de presse, une action de lancement a permis d’exprimer le danger que représentent les armes nucléaires.
Des photos de la conférence de presse et de l’action s’en suivant sont disponibles sous ce lien. Le dossier de presse peut être consulté ici.